Citation du jour

"Faites confiance à votre instinct. Il vaut mieux que les erreurs soient les vôtres, plutôt que celles de quelqu'un d'autre." Billy Wilder .

mercredi 14 juillet 2010

Un après-midi tout mouillé

Cet été là, nous étions partis chez des amis qui vivaient dans le Puy de Dôme. J'étais haute comme trois cerises, à peine.
Je ne me souviens ni du voyage, ni de nos hôtes, ni de ... En fait, absolument aucun souvenir.
Sauf ... sauf d'une journée pique-nique.
Une bande de mouflets qui devaient avoir 4 ou 5 ans de plus que moi.
Des adultes qui avaient installé tout le petit monde dans un endroit frais et ombragé au bord de l'eau.
La rivière dormait. Si peu profonde et si claire qu'on voyait son tapis de galets recouvert de mousse.
Sur l'autre rive, un énorme rocher devant un long bosquet.

Le temps passait et les gamins commençaient à tourner en rond. L'un d'entre eux proposa de traverser la rivière pour explorer l'autre rive.
Les parents, assis ou allongés sur la rive, n'y virent aucun inconvénient. Rivière étroite, eau basse, pas de courant, pas de danger en perspective. Le feu vert fut donc donné.

Tu viens avec nous.
Non ! J'ai pas envie.
Si, tu viens !
Non ! J'ai dit j'ai pas envie !
On y va tous. Tu viens avec nous !

En fait, j'avais la trouille et ne voulais pas le montrer. Et, il me faut bien l'avouer, j'avais aussi et surtout un caractère de cochon.
[Depuis j'ai fait un transfert sur l'agneau. Et maintenant je suis douce comme lui. Comme quoi, on peut changer, j'en suis une preuve vivante.]

Bref, revenons à nos moutons.
J'ai encore refusé mais je me suis retrouvée quand même sur l'autre rive avec eux ...
Allez savoir comment et pourquoi, moi je ne m'en souviens plus.
Seulement, une fois de l'autre côté :
Je ne veux pas aller avec vous.
Tu vas pas rester là toute seule, tu viens.

Non, je reste.
T'es pas marrante. Nous, on y va. Tant pis pour toi.

Je me suis retrouvée toute seule à me demander ce que j'allais bien pouvoir faire. Près de moi cet énorme rocher, qui en fait, était à peine moins haut que moi.
Si je montais dessus.
Et hop, je grimpe. Mais finalement au bout de quelques minutes, l'ennui me gagne.
J'en ai marre. Je repars avec les parents.
Je redescends de mon trône et me voilà partie.
Mais comment j'ai fait pour venir avec les autres ?
Mes pieds glissent sur les cailloux et ça fait mal !

Je suis au milieu. Pas encore tombée. J'ai toujours mal aux pieds.
Aaaaaaaaaaah ! je gliiiiiiisse ! La tasse. Je vais me noyer.
Je n'arrive pas à me relever. J'appelle maman mais j'ai la tête sous l'eau et quand je la sors c'est pour reprendre mon souffle. Encore sous l'eau.
Et ces cailloux, ils ont mis du savon ou quoi ?

Ouf, maman est vigilante. D'un bond elle est dans l'eau. Elle est tout près, mais elle aussi, elle a des cailloux couverts de savon, sous ses pieds.
Pendant ce temps j'ai réussi à me stabiliser mais je ne veux plus bouger. J'attends.
Maman, t'as perdu tes chaussures !
Elle doit avoir mal aux pieds, la pauvre.
Elle me prend dans ses bras.
Je t'avais dis de rester avec les grands !
Maman ma sauveuse, je t'aime.
Pourvu qu'elle ne raconte rien aux autres.

1 commentaire:

  1. Quand je pense que moi je faisais partie de ces grands. Les remords me rongent d’avoir abandonné ma petite soeur de l’autre côté de la rive. Les enfants sont cruels et insouciants, les petits et les grands. Cette rivière, la Sioule si je me souviens bien, resemblait plutôt à une patinoire. Oui, je m’en souviens, moi aussi, malgré mes cinq ans de plus, j’avais aussi du mal a la traverser. Jolie petite histoire bien racontée.

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