Citation du jour

"Faites confiance à votre instinct. Il vaut mieux que les erreurs soient les vôtres, plutôt que celles de quelqu'un d'autre." Billy Wilder .

lundi 9 août 2010

La boîte aux trésors

Comment faisions-nous quand nous n'avions ni mobile, ni internet ?
Quand le téléphone était trop coûteux ?

Il fut une époque où la famille s'écrivait beaucoup.
Mon année de pensionnat (la seule et unique de toute ma scolarité), les voyages de ma soeur qui, très jeune, s'est sentie l'âme globe-trotter.
L'Angleterre puis l'Espagne.
A nouveau l'Angleterre.
Enfin, l'Espagne, mais cette fois-ci définitivement.
Le facteur a beaucoup pédalé pendant toutes ces années.
Mais avec le temps, le téléphone a remplacé la poste, et le facteur a troqué son vélo contre la voiture (et quand il s'arrête maintenant c'est pub ou factures).

Le hasard des déménagements des uns et des autres a voulu que ces courriers soient tous regroupés, chez nos parents.
Ma soeur s'en est souvenue et nous sommes parties à la recherche de cette fameuse boîte aux trésors.
...
Relire des courriers 20, 30 ans après, voire plus ... sensation étrange.
On racontait des anecdotes, des banalités, la santé des uns, des autres, nos déboires amoureux.
Oh ! du papier rose. Mon papier à lettre quand je vous écrivais du fin fond de mon pensionnat. J'avais 11 ans.
Je répétais sans cesse "Maman n'oublie pas de venir me chercher samedi", comme s'il lui arrivait de m'oublier !
On parlait de personnes oubliées aujourd'hui.
Françoise... Françoise ... Ah oui je me souviens. Mais Lou ? Qui c'était ?
Et Madame Truc ? Et Monsieur Machin ?

Oh! Je reconnais cette écriture, malgré toutes ces années.
Elle aurait pu être ma grand-mère - elle aurait 110 ans cette année - mais je l'appelais marraine. Ma marraine d'adoption (l'officielle ne l'ayant été que le jour de mon baptême). Elle signait ses courriers "Dudu".
Veuve très jeune, elle avait "refait sa vie", comme on dit, avec Momo qu'elle appelait Monsieur L.

Lire ces lettres oubliées, enfouies dans ma mémoire, me font revivre les vacances de mon enfance, probablement les plus belles, auprès de Dudu et Momo. J'avais entre 8 et 12 ans.
J'étais leur "joyeux lutin", leur "petit cabri".

J'ouvre une enveloppe. Je découvre une feuille de papier découpée en forme de télégramme. Très émue, je lis :
"Lettre trop long écrire - préfère télégramme - Marraine pas le temps. Momo prend sa place. Espère joyeux lutin en bonne santé, espiègle, mais sage école. Temps maussade. Lapin poil mange bien. Lapin faïence près terrier. Marmites en place. Petits pois poussent. Chat voisin fait caca dessus ...". J'avais 9 ans.
Je revois ce lapin en faïence au coin du jardin, près d'un terrier que Momo avait lui-même construit. Je revois cet autre lapin poil, bien vivant celui-là, qui courrait partout et mangeait les légumes du potager. Momo grognait et punissait le lapin en le mettant dans sa cage. Triste de le voir enfermé, il ne tardait pas à le relâcher.

Une autre lettre. Celle-ci signée de Dudu.
Elle me parle de nos futurs pique-niques, de nos sorties au bord de la mer, de nos prochaines parties de nain jaune.
Le nain jaune, nous y jouions des soirées entières, parfois les après-midis pluvieux. Je gagnais chaque fois mais je les ai toujours soupçonnés de me laisser gagner.

Il se fait tard.
Nous rangeons toutes ces lettres jaunies, refermons la boîte jusqu'à ... demain peut être.
Il en reste tant à lire.

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